Actuellement en tournée du Take Me Home Tour, les garçons et moi-même avons à peine parcouru plus de dix pays différents que nous devions nous rendre ailleurs aussitôt le concert fini. Au bout, ça nous épuisait mais on ne se plaignait pas parce que c'était une occasion en or de se rapprocher tous un peu plus qu'on ne l'étais avant, et aussi, ça nous permettait de profiter pleinement de notre passion et notre métier désormais. Bien sûr, parcourir les pays était épuisant, encore plus lorsqu'il s'agissait de changer de continent, puisque à ce moment-là, le décalage horaire faisait son entrée dans le jeu. Malgré la fatigue accablante, il était certain que, pour ma part, je ne me laisserais pas faire aussi facilement par l'épuisement et j'en profiterais bien évidemment pour sortir avec mes amis. Aujourd'hui, nous étions situés à New York, pour quelques concerts avant de partir vers le nord: au Canada. Liam était parti avec Zayn au magasin,  Niall avec un ami dans les rues de NYC, quant à Louis, il était avec cette Eleanor au Starbucks, et moi dans  tout ça ? Affalé dans le fauteuil. Je ne vais pas mentir, je détestais les voir ensemble. Non, je n'étais pas jaloux, loin de là. Ou du moins je ne voulais pas me l'avouer. Et je ne me l'avouerais jamais. En fait, je ne sais pas pourquoi je n'aimais pas les voir ensemble. Quand Liam est sorti avec Danielle, je n'étais pas jaloux de leur relation, bien au contraire. Mais là, c'était différent. La télé était allumée, et moi, j'étais installé confortablement dans canapé, attendant que Louis revienne. Impatiemment. Louis Tomlinson a été aperçu en compagnie de sa petite amie Eleanor Calder il y a quelques instants dans les rues de New-York... Je 'en croyais pas mes yeux. On les voyait bien, en train de sourire comme des imbéciles, se tenant la main. "Petite amie". Ce mot me faisait limite vomir. Fait chier. Je zappais la chaîne, je ne voulais pas me faire endurer ça plus longtemps. Ca m'avait encore plus refroidi que je ne l'étais il y a quelques secondes. C'était énervant, et me connaissant, j'étais vite vexé. J'entendais soudainement la porte de la chambre d'hôtel s'ouvrir puis se refermer. Je soupirais, sans rien dire, et ne lui adressais même pas un regard, plantant celui-ci dans l'émission que diffusait la télévision. Je n'aimais pas faire la tête à Lou, sachant que ça ne durerait probablement pas longtemps, mais cette fois-ci je tiendrais bon.

                La journée la plus chaude que la ville de New-York eut connue ce début d'été n'allait pas tarder à tirer à sa fin. Le soleil avait d'ores et déjà entamé sa descente mais, ses rayons réchauffaient encore ardemment l'atmosphère. Nombreux étaient les habitants qui avaient préféré trouver refuge à l'ombre des arbres, dans les parcs, ou à l'intérieur des cafés tout en savourant une boisson glacée. Certains courageux néanmoins, terminaient avec soulagement leur dure journée de travail. Louis quant à lui, en était encore à se demander s’il devait considérer cet après-midi comme un moment de détente entre amis ou comme l’une des tâches les plus ardues de sa semaine.
                En effet, le jeune britannique venait de passer quelques heures en compagnie de celle que le reste du Monde contemplait comme étant sa petite-amie. Eleanor et lui avait quitté l’hôtel qu’ils occupaient le temps de leur séjour dans la Grosse Pomme, peu après le déjeuner. Ils avaient flâné dans les rues et il l’avait emmené parcourir les rayons de quelques boutiques dont notamment, une bijouterie. Ils n’y avaient rien acheté mais, cela n’avait par ailleurs, jamais été dans leurs plans lorsqu’ils avaient franchi le seuil… Tout comme ils n’avaient pas prévu la flopée de journalistes qui les accueillirent à leur sortie. Ils furent rapidement engloutis par les flashs et les questions qui fusaient sans relâche, de toute part. « Avez-vous décidé de vous fiancer ? », « Louis, vos sœurs ont été aperçu sortant d’une boutique de mariage, est-ce en raison du votre ? », « Eleanor, où pensez-vous acheter votre robe de mariée ? »,… Des interrogations plus absurdes les unes que les autres aux yeux du jeune chanteur et de sa compagne d’infortune.
                Il y pensait encore à l’abri du hall de l’hôtel, rendant le trajet jusqu’à la chambre de la jeune femme des plus silencieux. Si elle n’était pas dupe sur les réflexions de son petit-ami, elle ne fit cependant aucun commentaire. Il ne lui livrerait pas ses inquiétudes, elle le savait. Et s’il y avait une chose que Louis appréciait chez Eleanor, c’était son respect pour son jardin secret. Elle n’en faisait jamais trop, par rapport à lui, par rapport à eux. Ils se quittèrent devant la porte de la chambre, se saluant en tout et pour tout par un chaste baiser. Suite à quoi, il prit la direction de sa propre suite qu’il partageait avec son meilleur ami. Ordinairement, la simple idée de retrouver Harry lui aurait rendu le sourire mais, pas aujourd’hui. Aujourd’hui, le compte à rebours s’était enclenché dans sa tête. Un mois. Dans un mois, jour pour jour, Eleanor et lui fêterait leurs deux ans de vie de couple. Deux ans de baisers, de sourires et de ballades main dans la main. Deux années affligeantes, ponctuées de mensonges et de manipulation.
                La main sur la poignée de la porte, il prit une grande inspiration pour se donner du courage. Lorsqu’il entra, son regard se posa automatiquement sur Harry. Le jeune homme était affalé sur le canapé du petit salon, visiblement abruti devant une émission de téléréalité. Il n’entendit pas le soupire que celui-ci laissa échapper, trop occuper à se débattre avec les lacets de ses chaussures. Une fois débarrassé, il hésita un moment sur le seuil : s’échapper dans sa chambre, rabattre les draps du lit sur sa tête ou faire bonne figure auprès du plus jeune, comme toujours. Un autre jour, il aurait fait comme d’habitude, il se serait laissé tomber sur le canapé avec un large sourire accroché aux lèvres. Il aurait passé ses mains dans la chevelure du bouclé et lui aurait plaqué un énorme baiser sur la joue, envers et contre l’air boudeur de celui-ci. Mais, pas aujourd’hui. Il hésita encore un instant, se mordant la lèvre inférieure puis, traina des pieds jusqu’à sa chambre où il se laissa tomber sans ménagement et dans un bruit sourd, sur le lit. Il était éreinté et son seul souhait était à cette heure aurait été de s’endormir d’un sommeil sans rêve.

J'avais été fortement irrité par ce qui venait de se passer. J'étais, en temps normal, une personne qui n'arrivait pas à dissimuler sa colère, et, il faut l'avouer, j'étais un tantinet susceptible. Il est vrai qu'au bout de deux ans, j'y avais légèrement pris d'habitude, mais mes sentiments avaient pris le dessus et je réagissais très mal intérieurement. Je détestais être jaloux, d'autant plus lorsqu'il s'agissait de Louis. Il l'aimait, d'après les photos et ce qu'on voyait dans les tabloïds, et  c'était tant mieux pour lui tant qu'il était heureux avec Eleanor. Elle et moi, nous nous étions rencontrés à plusieurs reprises. J'avais dû faire semblant de l'apprécier, sinon c'était très mal vu selon le management, même si, au plus profond de moi, je la détestais comme jamais je n'avais détesté quiconque. Pourtant, elle ne m'avait rien fait, et je ne connaissais rien d'elle, mais rien que le fait de m'imaginer qu'elle gloussait aux bas de Louis me répugnait au plus haut point. Alors, je continuais de sourire. Perpétuellement. Un sourire faux, mensonger, car au fond, j'étais mal, mais je n'osais pas l'avouer.  Je n'avais rien dit à Louis sur ce que je pensais d'Eleanor, probablement parce que je n'en jugeais pas utile, et ce ne serait en aucun cas bénéfique pour lui puisque ça ne changerait rien dans leur relation.
Je détestais la télévision, toutes ces rumeurs me rendaient fou, mais, parfois, elle m'apprenait des choses - que je n'aimais pas savoir quelques fois cela dit, notamment le fait que Louis et Eleanor avaient été aperçus en train d'admirer une bijouterie. Une bijouterie. Déjà qu'ils sortent ensemble et passent la journée ensemble me met les nerfs, mais qu'ils regardent une bijouterie, là où se trouvent des bagues me sortait par les oreilles. Ils n'avaient rien acheté cependant, ce qui était déjà une bonne chose, mais si ils regardent, c'est que ça les intéresse, peu importe quand.
À peine arrivé, Louis s'était débarrassé de ses chaussures avant d'aller se jeter telle une bombe dans le lit de la pièce d'à côté, sans même passer par la case bisou. Ca avait le don d'encore plus me blesser, quand bien même j'avais l'air boudeur. Le voir dans un tel état m'intriguait sérieusement. Habituellement, il ne manquait jamais une occasion de m'embrasser sur la joue ou même s'installer dans le canapé à mes côtés, mais là non. Je savais que je n'allais pas tenir, à lui faire la tête, et encore moins s'il ne me parlait pas. Aucune parole. Ca me frustrait sincèrement, il ne devait pourtant pas avoir eu une journée bien éprouvante puisqu'il l'avait passée en compagnie de sa chère et tendre petite amie. Et puis, tant pis. D'un bon, je me relevais du canapé et me dirigeais dans la chambre. Louis était affalé sur le ventre, et cette perspective me faisait sourire, de le voir aussi crevé. Bonjour quand même, hein. dis-je sans animosité en me couchant de tout mon long sur lui avant de jouer à tortiller ses mèches de cheveux. Je l'avais dit, je ne tenais jamais bien longtemps à lui faire la tête, même si ça me vaudrait tout de même des explications.   

                Devant ses paupières closes, il les voyait danser. Des bagues, par dizaines, par centaines peut-être même. Elles lui donnaient le tournis. Semblant le narguer dans les profondeurs de son subconscient. Lorsqu’il avait entraîné Eleanor dans la boutique, il avait pu sentir la jeune femme se tendre à son bras. D’une certaine manière, cela l’avait rassuré. Elle était aussi consciente que lui de la tournure des plus dangereuses que risquait de prendre leur petite histoire si elle perdurait. Néanmoins, contrairement à ce qu’il avait pu espérer, elle ne s’était pas démontée. Elle avait respiré un bon coup et son sourire n’avait même pas eu le temps de chanceler. Elle s’était intéressée à plusieurs vitrines : les pendentifs notamment pour lesquels elle avait sans conteste une préférence face aux bracelets et autres boucles d’oreilles. Mais, aussi aux bagues de fiançailles. Elle lui avait adroitement montré différentes parures qu’il savait ne pas être véritablement à son goût et y avait glissé une petite alliance en argent finement dessinée, surmontée d’un très beau diamant. Jamais il n’oublierait cette bague car, si un jour il devait en arriver à l’acheter…
                Il fut sorti de ses pensées moroses par un pas familier sur la moquette de la chambre. Il sentie immédiatement la culpabilité l’assaillir et le sentiment fut exacerbé lorsque le corps du brun vint se presser contre le sien. Harry n’était en rien responsable pour ce qui lui arrivait. Non pas qu’il ne se soit jamais fait la réflexion : après tout, si le jeune bouclé avait été majeur à l’époque, peut-être que leur manager l’aurait choisi lui, plutôt que Louis pour jouer cette comédie-romantique –dramatique ?- aux yeux du Monde. Mais, il avait bien vite abandonné cette idée pour la simple et bonne raison qu’elle lui semblait encore plus désagréable. Même insupportable. Imaginer Harry, Eleanor pendu à son cou lui était littéralement insupportable. Et contrairement à ce que la logique aurait voulu, ce n’était pas Harry la pièce à évincer dans un tel tableau.
                « Bonjour quand même, hein. », lui lança le brun sans la moindre animosité tout en s’installant. Louis put ainsi constater que, une fois n’est pas coutume, le plus jeune ne le bouderait pas pour son après-midi passé en compagnie de sa chère et tendre. Il aimait bien les petites moues boudeuses d’Harry mais, appréciait bien d’avantage ses câlins. De plus, il ne sentait pas le courage ou la force de se disputer aujourd’hui. « B’jour. », murmura-t-il d’une voix fatiguée, le nez enfoncé dans les couvertures. Il aurait souhaité pouvoir voir le joli visage de son interlocuteur mais, il ne voulait en aucun cas briser leur étreinte, et encore une fois, il ne se sentait pas l’énergie suffisante pour un tel déplacement. Il était vidé, physiquement et surtout, psychologiquement. Pourtant, il se tordit à moitié le bras pour aller attraper l’une des mains de son meilleur ami dans la sienne et entrelaça leurs doigts comme il put. Lorsqu’il eut réussi, il laissa échapper un léger soupire de bien-être. S’il le souhaitait fort, fort, fort : pourrait-il rester comme ça pour l’éternité… Ou au moins quelques heures ?

Ces images ne quittaient pas mon esprit, ou plutôt je ne voulais pas faire en sorte qu'elles partent. Les images que j'avais pu voir à la télévision. Cela me faisait souffrir, et pourtant je ne pouvais pas me qualifier de masochiste. Elles persistaient dans ma mémoire comme si je les avais regardées toute une nuit, ce n'était pas le cas mais cela me faisait plus ou moins le même effet. Peut-être que c'était parce que je devais me faire une raison de les voir heureux ensemble. Je ne pouvais pas me permettre de casser leur couple, ce n'était d'ailleurs pas mon but premier - quand bien même je le voulais au plus profond de mon subconscient. Cette volonté était telle que j'aurais très bien pu les faire rompre, mais ç'aurait été de l'égoïsme, puisque j'aurais pensé à mon bonheur avant celui de Louis. Et je ne voulais pas lui faire du mal, même s'il comprendrait à ce moment à quel point cela me blesse aussi. Les deux ans du fameux couple approchait, et cela avait le don de me dégoûter encore plus que je ne l'étais. Je me disais que leur couple devait être plus fort que tout pour durer si longtemps - sachant que ma plus longue relation avait duré beaucoup moins de temps. La crainte qu'il me laisse pour cette fille ne me quittait pas, et au fil des jours, elle me pourrissait la vie. Au fond, c'était juste de la peur, je ne valais pas bien plus qu'Eleanor tous comptes faits.
La tactilité était une de mes qualités. Ou bien un défaut, cela dépendait pour qui. Parfois, elle me faisait faux bond, mais j'aimais profiter de cet avantage, tout simplement parce que j'étais une personne qui avait toujours besoin d'affection de la part des personnes. J'avais toujours besoin de quelqu'un à mes côtés. Cette proximité a toujours  été présente entre nous quatre, même si ça nous valait des critiques de certaines personnes nous reprochant d'être homosexuels, pour moi cela ne signifiait rien. Les câlins, les bisous et tout ce qui s'en suit était mon pêché mignon, j'adorais en faire et aussi en recevoir. C'était assez délicat, mais cela ne voulait pas dire pour autant que j'étais amoureux de cette personne, même si Louis était différent. Finalement, à force d'en faire à pratiquement tout le monde, jamais on ne pouvait distinguer quel type de relation nous unissait.
« B'jour. », murmura-t-il. Sa tête étant enfouie dans les couvertures, j'avais eu un peu de mal à entendre ses propos. Je sentais de la fatigue dans sa voix, et je ne comprenais pas très bien pourquoi : il était encore tôt, à moins qu'il n'ait pas dormi de la nuit. C'était fort probable, mais je ne connaissais pas la raison exacte. Ses doigts allaient entrelacer les miens, ce qui me faisait sourire, c'étaient ces genres de moments que j'appréciais partager en compagnie de Louis. « T'as l'air bizarre, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu t'es pas amusé avec ta petite amie ? ». On pouvait percevoir une pointe d'amertume dans ma voix. Je voulais lui lancer quelques piques histoire qu'il comprenne que sa relation ne me plaisait pas, de toutes façons, ma jalousie commençait doucement à prendre le dessus, et je savais que si je ne lui disais pas la vérité, je m'en voudrais beaucoup trop.

                Louis était bien ainsi installé. Pourtant, s’ils avaient pu le voir, il savait que leurs managers auraient crié au scandale. Non pas parce qu’ils étaient deux hommes alanguis, l’un contre l’autre mais, parce qu’ils étaient Harry Styles et Louis Tomlinson. Larry Stylinson comme aimaient les surnommer les quelques – centaines – de fans qui avaient su apprécier leur complicité. Cette même complicité qui avait tout d’abord inspiré les producteurs puis, leurs agents avant de devenir leur némésis. Et Dieu seul savait à quel point Louis s’interrogeait régulièrement encore sur le pourquoi du comment de toute cette histoire. Après tout, leur rencontre avait été des plus banales : un compliment de Louis à l’adresse d’Harry dans les toilettes du plateau de X-Factor. Un bref échange de sourires et le bouclé avait disparu. Louis avait toujours apprécié la voix de son ami. Elle était la première chose qu’il avait remarqué chez celui-ci. La seconde était sans conteste ses magnifiques boucles brunes qu’il jalousait encore aujourd’hui. Mais, avec du recul, il avait appris à aimer la totalité de la personnalité complexe d’Harold, Harry, Hazza. Son Hazza.
                Étrangement, il sut que le brun allait parler avant même que celui-ci n’ouvre la bouche. Intuition ou simplement un mouvement de son corps au-dessus du sien qu’il aurait perçu sans s’en rendre compte ? Dans tous les cas, il aurait amplement préféré qu’ils puissent rester ainsi, silencieux mais, Harry semblait en avoir décidé autrement. « T'as l'air bizarre, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu t'es pas amusé avec ta petite amie ? », releva-t-il avec ce que Louis identifia comme une pointe d’amertume dans la voix. Celle-ci ne l’étonna pas et il retint de justesse un nouveau soupire bien moins apaisé que le précédent. Il aurait été surpris que le jeune homme ne lui sorte pas l’une de ses répliques spéciales post-sortie Eleanor et Louis. Cela chagrinait quelques peu le plus âgé qui aurait souhaité que son ami ne prenne pas ces moments comme une marque d’abandon. Malheureusement, les faits étaient là et il ne pouvait s’empêcher de culpabiliser. Louis prit son courage à deux mains et se redressa légèrement, sortant son nez des draps dans lesquels il était plongé : « Si, bien sûr que si. », répondit-il dans un premier temps par pur automatisme. Il se mit à jouer inconsciemment avec les doigts de son ami. « Je suis juste… fatigué. C’est cette histoire d’anniversaire qui approche et… les journalistes et leurs questions. », il s’interrompis un instant, fixant l’oreiller devant lui sans le voir : « Ils parlaient de bagues de fiançailles, de robes de mariées… Bon sang ! », termina-t-il de manière peu explicite enfouissant de nouveau son visage contre les couvertures.
                Lui qui stressait déjà pour un anniversaire, devait-il sincèrement commencer à s’inquiéter au sujet d’un mariage ? Il n’était plus sûr de rien. Ou presque. Il savait qu’il n’aimait pas Eleanor et s’il devait être totalement franc avec lui-même, il ne le désirait même pas. La brune était pourtant une très jolie jeune femme, mannequin de surcroit mais,… Non, chaque fois qu’elle avait souhaité profiter de leur relation d’une manière plus charnelle, il s’était défilé. A l’exception d’une fois. Une fois où sa colère avait pris le dessus sur sa raison. Où il avait imaginé cela telle une vengeance. Et il n’en était pas fier, loin de là.

Depuis notre rencontre il y a trois grosses années, il faut dire que tout avait changé entre Louis et moi. "Changé" n'est pas le mot approprié, mais plutôt "évolué", dans tous les sens du terme. Il avait suffi que l'on se rencontre dans les toilettes d'xFactor pour me rendre compte que Louis avait beaucoup d'importance pour moi, même trop. Il faut avouer que les toilettes n'étaient pas le lieu le plus parfait au monde, mais cela s'était fait d'abord dans le plus grand silence, un peu gêné de cette perspective. Il est vrai que ce n'était pas très avantageux pour la suite de se voir pour la première fois en caleçon...  Et qui aurait pu prédire que c'était le début d'une belle histoire... d'amitié. Larry Stylinson, comme aimait nous appeler nos fans. Certaines étaient pratiquement sûres qu'il y'avait plus que de la simple amitié, d'où le nom "romance", et d'autres simplement de la complicité évidente, "bromance". Il est vrai qu'actuellement, il y avait une guerre entre les Larry Shippers et les autres, chacune défendant leur propre opinion. C'était plutôt drôle de les voir s'acharner entre eux sur Twitter finalement.
Notre proximité n'avait jamais eu aucune atteinte à notre relation jusque maintenant. Du moins, ça l'avait toujours été. Aucune ambiguité ne s'était passée entre nous, et si ça avait été le cas, Modest! nous aurait décapité la tête. Je les détestais parce qu'ils nous empêchaient, à Louis et à moi, d'être trop proches pour la survie de l'image du groupe, mais pas autant qu'Eleanor en y réfléchissant. Mais je ne pouvais pas la détester parce qu'au fond je ne la connaissais pas plus que ça, mis à part le fait qu'elle me vole Louis.
Louis avait l'air épuisé de ce genre de réflexions que je lui faisais chaque fois qu'il sortait avec Eleanor, bien que la seule phrase que je voulais entendre était un simple 'je t'aime'. A force, je ne m'attendais même pas à l'entendre. Il se leva légèrement pour ne pas me brusquer afin de pouvoir parler. Son soupir voulait tout dire, et je préférais ne pas continuer sur cette voie avant qu'une dispute éclate, sachant que je ne me laisserais pas faire aussi facilement. « Si, bien sûr que si. » Mon coeur ne fit qu'un bond dans ma poitrine. J'allais exploser. Il était bel et bien heureux avec elle, je devais me le graver en mémoire. Je baissais légèrement la tête, un peu déçu, même si c'était pourtant évident. « Je suis juste… fatigué. C’est cette histoire d’anniversaire qui approche et… les journalistes et leurs questions. » Il faut avouer que les paparazzis étaient très irritants avec leurs questions qui ont tendance à nous mettre hors de nos gonds. Inconsciemment, il jouait avec mes doigts, mais j'avais encore sa dernière phrase en travers de la gorge. Aucune réaction ne fit apparition sur mon visage. « Ils parlaient de bagues de fiançailles, de robes de mariées… Bon sang ! » Je me raclais doucement la gorge, cela me répugnait, comment les journalistes pouvaient être aussi pathétiques, ridicules. « Mais... tu vas pas te fiancer quand même ? Ni te marier ? » Quel débile je faisais. Bien sûr que non que ce n'était pas prévu. J'avais un peu besoin d'être rassuré, sachant que je pouvais m'attendre à tout. Je haussais les épaules en soupirant légèrement, exaspéré de leur bêtise. « De toutes façons, si tu te fiances ou te maries, je te boude à vie et je vais me taper toutes les filles du monde entier. » plaisantais-je en souriant grandement, assez fier de la petite pique que je venais de lancer. En fait mon but premier était de voir sa réaction et par après j'aviserai...

                Louis se demandait s’il n’aurait pas mieux fait de mourir ainsi. La tête enfouie dans les couvertures d’un hôtel de luxe en compagnie de celui qu’il aimait le plus au Monde. Mais, son plan aussi tentant soit-il avait quelques hics non-négligeables. Pour commencer, il serait probablement atrocement long de mourir d’une telle manière. Et dans un second temps, le risque que le jeune homme qui le surplombait actuellement soit incriminé était relativement élevé. Il voyait les gros titres d’ici : « Un meurtre, Une direction. », « Cluedo : One Direction. ». Harry Styles, avec l’oreiller, dans une suite de l’Intercontinental. Il étouffa un rire sarcastique avant d’être ramené à la réalité par un raclement de gorge de son ami.
                « Mais... tu vas pas te fiancer quand même ? Ni te marier ? », demanda-t-il finalement, visiblement incertain. Cette question – pour le moins stupide aux yeux de Louis – eut le mérite de le faire quitter pour de bon ses idées abracadabrantes. Il fronça les sourcils et se redressa de nouveau, manquant de peu de donner un coup de tête à son ami. Maintenant qu’il était de retour dans cette chambre, qui plus est, en présence d’Harry : la simple idée de se voir imposer une telle chose le révolté. Pourtant, il était persuadé que quelques heures plus tôt, sa seule réaction face à une telle annonce aurait probablement était une avalanche de larmes lorsqu’il aurait isolé. Hazza, son Hazza, lui donnait envie de se battre. Il ramenait à la surface le vrai Louis qui étouffait sous le pantin créait par Modest !.
                Louis n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’Harry avait renchéri derrière sa propre tirade : « De toutes façons, si tu te fiances ou te maries, je te boude à vie et je vais me taper toutes les filles du monde entier. ». Il put nettement percevoir les accents humoristiques sous ces mots mais, étrangement, cette perspective ne lui plaisait pas le moins du Monde. Sa réponse ne se fit pas attendre. Lâchant la main du jeune homme qu’il tenait encore dans la sienne, il alla placer celle-ci sur sa taille et d’un mouvement plus agile que ce qu’il avait espéré, inversa leurs positions de manière drastique. Ainsi, il se retrouva assis à califourchon sur le corps d’un Harry allongé de tout son long sur le matelas. « Il faudra d’abord me passer sur le corps, Styles. », dit-il en fixant son regard bleuté dans celui émeraude de son vis-à-vis. Un sourire amusé prit possession de ses lèvres et il se pencha vers l’oreille de son compagnon. Son souffle vint se répercuter contre le cou du plus jeune avant qu’il ne lui murmure : « Et je ne plaisante pas. ». Il se redressa finalement et croisa ses bras sur son torse. « Qui aurait cru que Harry Styles était un soumis. », le nargua-t-il avec une moue faussement moqueuse.

S'il y avait une chose que je ne partageais qu'avec Louis, et pas avec les autres, c'était bien cette promiscuité, cette proximité que je n'avais qu'avec lui. J'ignore d'ailleurs pourquoi avec lui c'était plus facile de me rapprocher, de lui faire des câlins et des bisous. Non pas que je ne le faisais pas à Niall, Zayn et Liam, c'était tout simplement plus limité. Je comprenais tout à fait le fait que Louis veuille m'égorger à cet instant précis, car il est vrai que je pouvais être très exaspérant quand je le voulais. Et même si le brun prenait mes propos au second degré, je serais fortement capable de lui prouver le contraire.  
Si quelqu'un était rentré à ce moment dans la pièce, il se serait probablement questionné à propos de ces postures quelque peu étranges, mais c'étaient des plus banales pour nous. Bien sûr, je ne nie pas que cette position ne me dérangeait nullement, bien au contraire. Et cela avait le don de me rendre le sourire et d'oublier la rancœur que j'avais à son égard. Je devais pourtant me rentrer dans le crâne qu'au départ, j'étais censé lui faire la tronche. Cela ne durait jamais bien longtemps, pas étonnant s'il me prenait à chaque fois par les sentiments. Visiblement, ma petite pique l'avait atteint un peu et sa réaction ne se fit pas attendre. Aussitôt, Louis posa délicatement ses mains sur ma taille et exerça une force qui était telle qu'elle nous fit pivoter : ainsi, il se retrouva à califourchon sur moi. Cette perspective ne me laissait pas indifférent, et un rictus apparaissait doucement sur mon visage. « Il faudra d’abord me passer sur le corps, Styles. » Ledit rictus se transformait désormais en sourire narquois. « Je n'ai pas peur de toi, Tomlinson. » dis-je en haussant un sourcil. Puis, doucement, le brun se pencha vers moi afin d'atteindre mon oreille: « Et je ne plaisante pas. » déclara-t-il avant de se redresser et de croiser ses bras. Le contact de son souffle sur ma peau me donnait des frissons, ce qui m'échappa un léger rire. « Qui aurait cru que Harry Styles était un soumis. » Mon visage se transformait du tout au tout : mon sourire était désormais devenu un grand "o", choqué de ce qu'il venait de me dire. Mes bras se croisèrent rapidement. « Tu es le seul à croire ça. Tu peux demander à mes ex, tiens. Elles te diront le contraire. » Assez satisfait de ma réponse, je lui esquissais un sourire amusé, une pointe de provocation derrière. Je m'autorisai à poser mes mains sur ses hanches afin d'alléger le niveau d'attaque de mes paroles. « C'était toi le soumis avant que tu ne décides de pivoter, môssieur. » ponctuais-je avant de tirer la langue tel un gamin fier de sa bêtise.

                Louis adorait Harry. Vraiment. Plus que bien d’autres personnes au Monde. Il faisait de son mieux pour être un meilleur ami compétent et comprendre jusqu’aux non-dits du plus jeune. Mais, s’il y avait une chose que Louis ne comprenait pas, c’était très certainement cette tendance qui avait piqué le bouclé, il y a quelques années de cela. Et pas n’importe quelle tendance : ainsi alors que lui-même approché d’un anniversaire pour le moins impressionnant, Harry, quant à lui, affichait un nombre de conquêtes… Tout aussi ahurissant. Combien de fois c’étaient-ils accrochés à ce sujet ? Il avait arrêté de compter et, à vrai dire, il avait même renoncé depuis quelques temps déjà à rechercher une explication à ce comportement qui l’attristait. Il ne supportait pas la vue des jeunes inconnues qui quittaient la chambre de son ami à toutes heures du jour ou de la nuit. A plusieurs reprises, il l’avait sermonné, se heurtant alors à un mur. Ses intentions étaient bonnes pourtant, il ne voulait que le bonheur de son cadet. Tout du moins, c’est ce qu’il s’était répété des mois durant avant de devoir admettre qu’il n’était pas totalement honnête.
                Le déclic s’était fait alors qu’une dispute particulièrement violente avait éclaté entre eux. A l’époque, le plus jeune sortait avec la célèbre chanteuse de country, Taylor Swift. Une relation qui avait dépassé le stade des quelques heures mais, qui ne plaisait pas d’avantage à Louis qui n’appréciait pas particulièrement la jeune femme. Or, dans un malheureux concours de circonstance, le plus âgé les avait surpris dans une position pour le moins… compromettante dans la suite qu’ils partageaient ce soir-là. Il avait vu rouge, hurlant sur le brun que lui ne se permettait pas de faire ainsi entrer Eleanor dans leur intimité – ce qui n’était pas totalement faux à l’époque – et tout un tas d’autres choses plus horribles les unes que les autres, qu’il avait rapidement regretté. Pourtant, cet épisode avait eu le don de lui faire réaliser certains faits dont notamment, celui qu’il n’avait aucun droit sur la vie amoureuse de son meilleur ami. Et même si cela lui retournait l’estomac de voir ces pimbêches accrochées à lui, il ne pouvait intervenir. A partir de ce jour, il s’était contenté de sourire nerveusement ou de faussement complimenter Harry sur ses proies lorsqu’il ne pouvait éviter les confrontations.
                Autant dire que la réplique suivante du brun lui tordit les entrailles sans qu’il ne puisse y faire quoi que ce soit : « Tu es le seul à croire ça. Tu peux demander à mes ex, tiens. Elles te diront le contraire. ». Louis serra la mâchoire pour retenir la réponse acerbe qui lui brulait les lèvres. « C’est vrai, ça ! Pourquoi je me fatigue ! Tu ne dois pas en être loin de "toutes les filles du Monde entier !" », Aurait-il pourtant voulu hurler. Il était fatigué et énervé, aussi préféré-t-il prendre sur lui que déverser son venin contre la seule personne qui était encore capable de le faire sourire à l’heure actuelle. Par ailleurs, le plus jeune du le sentir car, ses mains vinrent enserrer délicatement ses hanches, exerçant une pression qui le calma quelque peu avant qu’il ne reprenne : « C'était toi le soumis avant que tu ne décides de pivoter, môssieur. », il agrémenta sa remarque d’une langue tirée qui failli arracher un sourire à Louis qui se reprit pour mieux prendre une expression divisée entre le choc et l’outrage. Finalement, il fronça les sourcils et répliqua sur un ton faussement blasé : « Caches ta langue, Styles. On ne sait pas où elle a trainé. ». Ce qui n’était pas totalement faux du point de vue de l’ainé. L’une de ses jambes commençant légèrement à s’engourdir, il se déplaça très légèrement sur le corps qu’il surplombait. Il fut néanmoins stoppé dans son geste lorsque, trop accaparé par le dit membre, il fit se rencontrer brutalement leurs virilités. Gêné, il rougit légèrement mais, poursuivit finalement son geste pour déplacer sa jambe et lui trouver une place plus confortable. Malgré tout, il était désormais très tenté de quitter cette position qui maintenant qu’il y pensait, n’était pas véritablement… adapté pour deux amis.

Louis était actuellement l'une des personnes les plus importantes pour moi, celle qui me faisait sourire quoiqu'il arrive. J'essayais d'être toujours là quand il avait besoin de moi - et même quand ce n'était pas le cas. Il est vrai que ce n'était pas toujours facile, puisque même si nous étions meilleurs amis, il y'a des choses qu'on gardait pour ça, pour x ou y raison. Bien évidemment, c'était très rare quand ça arrivait puisque j'étais au courant des moindres faits et gestes que Louis effectuait. Mise à part ceux qu'il faisait avec Eleanor. Après tout, c'était leur vie de couple et je ne souhaitais en aucun cas m'immiscer dans leur intimité comme lui l'avait fait un peu plus tôt. C'était il y a quelques temps. Plus précisément  au mois de décembre dernier. C'était à ce moment-là que tout le monde a compris que l'on a commencé à se fréquenter. Ce n'était pourtant un secret pour personne, on s'est embrassés, et la suite... s'est passée dans la chambre. Tut allait bien jusqu'au moment où Louis décide de faire irruption dans la pièce. C'était sûrement le moment le plus gênant que j'aie pu vivre de ma vie. Non pas qu'il ne m'aie jamais vu nu, bien au contraire, c'est juste que je savais que Louis n'appréciait pas fortement Taylor, tout comme moi je détestais Eleanor pour tout dire. Bien évidemment, Louis ne s'attendait pas à me voir dans une telle position avec Taylor, et ça m'a tout de suite énervé, et j'étais entré dans une colère noire, l'ayant par la suite renvoyé d'où il venait. Je n'aurais jamais dû lui parler d'une telle manière, avec le recul j'en avais pris conscience, et ça nous avait d'ailleurs valu plusieurs disputes à ce sujet par la suite. Sûrement l'une des pires prises de tête que l'on avait vécu depuis notre rencontre. Il est vrai que mon compteur de conquêtes augmentait assez vite,  ce qui n'avait pas l'air d'être du goût de Louis. A vrai dire, tant mieux. Il comprenait enfin ce que je vivais, et de toutes façons je m'en fichais.
Bizarrement, Louis n'avait pas apprécié ma petite pique dont j'étais particulièrement fier puisqu'il ne préférait rien répondre, et je le comprenais. S'il m'avait sorti ça, j'aurais réagi pareil, voire pire. Finalement, j'avais décidé de ne plus lui lancer de telles choses, il était fatigué et je ne voulais pas lui taper sur le système encore plus, je préférais profiter de l'instant présent avec mon meilleur ami. « Caches ta langue, Styles. On ne sait pas où elle a trainé. » Sa réaction suite à la sortie de ma langue me fit pouffer. Un sourire provocateur se dessina lentement sur mon visage. « Un peu partout, du moins dans tous les trous possibles et inimaginables. » déclarais-je accompagné d'un roulement d'yeux. Puis, soudainement, il bougea légèrement avant de faire pareil avec sa jambe. Et là, ce fut un moment des plus étranges. Sa jambe rencontra malheureusement ce qui se trouvait être mon membre, et puis pareillement avec le sien. Je ne pourrais même pas expliquer ce qui s'était passé, c'était tellement bizarre. Louis commençait à rougir, et de le voir dans cet état m'arrachait un grand sourire qui dévoilait toutes mes dents : « Rougis pas, ça arrive à tout le monde ! 'fin je crois... ». Au fond, j'étais aussi mal à l'aise que lui mais je ne laissais rien paraître en rigolant comme un attardé.

                Maintenant que Louis y pensait, il devait bien avouer que leur position actuelle n’était pas la seule chose dont ils étaient à l’origine, qui ne correspondait pas vraiment au schéma habituel emprunté par deux amis. Mais, aussi loin que ses souvenirs remontaient, soit à leur rencontre, ils avaient toujours été excessivement proches. N’était-ce pas pour cela qu’il vivait cette relation scénaristique avec Eleanor ? Pour faire taire les rumeurs sur leur possible homosexualité ? C’était étrange mais, il avait eu beau retourner son problème sous tous les angles possibles et imaginables, il ne s’était jamais franchement interrogé lui-même quant à ses sentiments envers Harry. A quoi bon ? Il n’était pas attiré par les hommes. La preuve avant cette fiction avec Eleanor, il était sorti avec Hannah… Qui était également l’une de ses meilleures amies d’enfance… Qu’il avait aimé de tout son cœur… Ils avaient vécus tellement de choses ensembles : premier rendez-vous, premier baiser, première fois tout court. Mais, dans le fond, il avait toujours manqué un petit quelque chose à sa vie. Aujourd’hui, il se sentait plus proche que jamais de la possibilité d’accéder à son bonheur parfait et pourtant, chaque fois qu’il embrassait Eleanor avec l’espoir de vivre cette révélation, rien ne se produisait.
                La réplique mais, surtout le sourire, de son vis-à-vis ne l’aidèrent pas à reprendre contenance. « Rougis pas, ça arrive à tout le monde ! 'fin je crois... ». Malgré lui, il rougit de plus bel, laissant échapper un rire nerveux à demi caché par celui du plus jeune. Quelque chose n’allait pas. Il sentait le corps chaud d’Harry tressauter légèrement sous lui, en conséquence de son hilarité mais, cela le rendait excessivement nerveux. Ils s’étaient de nombreuses fois par le passé retrouvé dans cette position mais, jamais il n’avait autant eu conscience de la pression qu’exerçaient leurs deux corps l’un sur l’autre. « Tu crois… », murmura-t-il presque inconsciemment. Il dévisagea un bref instant le plus jeune dont il connaissait les traits par cœur quand, il senti son estomac se tordre étrangement, provoquant une sensation de creux dans son bas ventre. Il sentit l’adrénaline ne faire qu’un tour dans ses veines et ses pupilles s’agrandirent subitement. D’un mouvement vif, peut-être un peu trop, il se dégagea des mains de son ami pour se laisser tomber sur le dos, à côté de lui sur le matelas. Son corps entier lui criait de fuir mais, il se retint. Il ne voulait pas blesser son compagnon pour une erreur qu’il avait commis.
                Ses yeux se posèrent sur le plafond de la chambre, cherchant une échappatoire. Il devait dire quelque chose, il le savait mais, quoi ? Il passa en revu plusieurs sujets en une fraction de seconde sans que rien ne lui vienne spontanément. Finalement, il choisit de revenir à leur précédent sujet de conversation, très certainement pas le meilleur des choix étant donné la situation avec laquelle il se débattait mais, il lui semblait vital qu’il prononce quelques mots, peu importe lesquels : « Pour en revenir à ta langue, tu fais ce que tu veux… Tant que tu ne partages pas. », dit-il avec ce qu’il essaya de faire passer pour de l’humour. Louis était en train de se perdre, il le sentait. C’était la fatigue, rien de plus, chercha-t-il à se convaincre. Rien de plus…

Depuis que l'on se connaissait, nous avions toujours été si proches, donc il n'y avait aucune crainte à avoir sur l'évolution de la situation, du moins je crois. Mais cette fois, la situation n'était pas à son avantage pour penser cela. Pourtant, rien ne présageait qu'il allait se passer quelque chose d'inattendu, et vu la position des plus étranges dans laquelle nous étions, je serais plutôt certain du contraire. Je ne voulais pas me faire d'idées, et donc je me contentais de me dire que Louis et moi étions de simples amis, proches, câlins, mais rien de plus. Puisque je ne m'étais jamais interrogé sur mes réels sentiments envers lui, et d'ailleurs je ne voulais pas, après tout, j'étais à cent pour cent hétérosexuel, et ce depuis ma naissance. Ce n'était d'ailleurs pas pour rien que mon compteur de conquêtes féminines avait dépassé la vingtaine. Mais, depuis quelques semaines, ce nombre avait cessé d'augmenter, parce que ce garçon-là, ce n'était pas moi, celui qui draguait à tout bout de champs. Et parfois, je me dégoûtais, parce que je me rendais compte à quel point ça m'éloignait de Louis. Ce n'était pas mon but,  d'autant plus que Louis était une personne à qui je m'étais attachée beaucoup plus que ce que je n'aurais pu croire. Et que ce que la limite d'amitié infranchissable aurait voulu.
À croire qu'il avait lu dans mes pensées, il dégagea d'un geste brusque mes mains - chose que je ne pris pas très bien, essayait-il de me fuir ? - et se fit retomber sur le côté afin d'atterrir de tout son corps sur le matelas à mes côtés. Le fait qu'il ait voulu changer de position me prouvait très bien qu'il était aussi mal à l'aise que moi et qu'il y'avait un inconvénient, comme quelque chose qui clochait. Peut-être que lui aussi se rendait compte que notre proximité nuisait à notre amitié. Même s'il se trouvait juste à côté de moi, je sentais comme une absence, un manque que lui seul avait comblé en restant sur moi pendant quelques instants. C'était même troublant de croire ça, mais ça m'avait fait du bien de ressentir cela. « Pour en revenir à ta langue, tu fais ce que tu veux… Tant que tu ne partages pas. » Bizarrement, une pensée des moins plaisantes surgit dans ma tête à ce moment-là. Un sourire narquois apparaissait sur mon visage illuminé, tandis qu'il fixait le plafond d'un blanc absolu. « Promis, je ne la partage pas dans ce cas. » dis-je en tournant ma tête pour malheureusement que voir sa joue. Il devait probablement se douter que je le fixais depuis quelques secondes, et cette idée me gênait puisque j'avais l'air de passer pour un imbécile. Un imbécile amoureux ? Sûrement... Je ne sais pas ce qui s'est passé à ce moment-là dans ma tête, comme une envie, quelque chose qui me dérangeait depuis trop longtemps : ma conscience avait décidé que je me devais de l'embrasser, et je ne trahissais jamais ma conscience, alors c'est que je fis. Je me levai brusquement, quittant ainsi ma position allongée ô combien confortable pour me retrouver par la suite sur le jeune homme et l'embrasser fougueusement. C'était une sensation que je n'avais jamais ressenti auparavant, et je dois avouer que ça ne me déplaisait pas pour autant. « Hm... pardon... » déclarais-je après que nos lèvres se soient décollées. Quel con.

                Louis fixait le plafond de la chambre sans le voir. Une partie de lui était soulagé d’avoir lâché ces quelques mots, l’autre était encore en train de les réaliser. Avait-il un jour eut envie d’embrasser Harry ? Il ne s’en souvenait pas. Avait-il eut envie d’Harry ? Il ne s’en souvenait pas non plus… Excepté peut-être cette sensation d’il y a quelques secondes. Etait-ce cela ? Avait-il ressenti un semblant de désir pour son ami ? Il fut interrompu dans sa réflexion par la réponse de son interlocuteur : « Promis, je ne la partage pas dans ce cas. », avait-il dit. L’ainé fronça légèrement ses sourcils, pour la xième fois de la journée, il était déstabilisé. Pourquoi cette simple phrase purement rhétorique sonnait comme une blague à ses oreilles ? Pourquoi lui donnait-elle envie d’éclater d’un rire sans joie ? Il ne se souvenait pas avoir acheté un badge attestant qu’il était un larry Shippers mais, la fatigue semblait abaisser ses barrières.
                Si le jeune chanteur avait à peine eut conscience que son ami s’était tourné vers lui pour l’observer, il fut encore d’avantage surpris de le voir bouger. Lorsqu’il comprit ou allait en venir le brun, Louis se figea sur le matelas. Il ne put retenir un frisson le long de sa colonne vertébrale lorsque le corps du plus jeune trouva sa place sur le sien. Son regard s’égara sur le visage qui le surplombait et il déglutit difficilement. C’était-il endormi en rentrant de son rendez-vous avec Eleanor, qu’il se retrouvait ainsi en plein délire onirique ? Il eut rapidement sa réponse quand il crut mourir sur place lorsque le brun se pencha vers lui et déposa sans douceur ses lèvres sur les siennes. Il ne lui fallut que quelques fractions de seconde pour perdre pied. Il ne contrôla absolument rien. Sa bouche semblait s’être trouvé une volonté propre et répondait sensuellement et même voracement aux attaques passionnés de ses congénères. Pouvait-on véritablement avoir la sensation qu’un moment comme celui-ci, aussi insignifiant puisse-t-il être dans une vie humaine, était la seule et unique raison de celle-ci même ? Car, à cet instant, plus rien de comptait pour Louis plus que ces lèvres qui tour à tour se pressaient ou s’emparaient des siennes.
                Pourtant, il fut brutalement ramené à la réalité par Harry lui-même, lorsque celui-ci mis fin au baiser de la même manière imprévue qu’il l’avait commencé. Les joues rouges, les lèvres gonflées, les yeux agars, il fallut un temps certain à Louis pour comprendre ce qu’il se passait. « Hm... pardon... », avait-il dit alors. « Pardon ? », répéta l’ainé encore à dix lieux du temps présent. Pardon ? PARDON ! Et puis quoi encore ? Le plus âgé des deux revint à lui tout aussi brutalement que précédemment. Il venait d’embrasser son meilleur ami. Non, correction, son abruti de meilleur ami venait de l’embrasser lui, qui avait accessoirement répondu, et par conséquent avait pseudamment trompé sa pseudo copine et en plus, cerise sur le gâteau, Dieu –euh- seul savait à quel point il avait pris son pied ! Effaré par ce qui venait d’arriver, Louis se redressa brusquement, envoyant voler Harry sur la moquette de la chambre avant de se lever. Tremblant, il hésita, perdu. Lança un regard inquiet au brun avant de prendre la direction de l’entrée ou l’attendait ses chaussures. Il voulait fuir, vite.

Je ne sais pas ce qui m'avait pris, mais quoiqu'il en soit j'étais dorénavant libéré, et Louis savait alors ce que je ressentais pour lui. C'est vrai que je me doutais un peu de sa réaction. En même temps, je ne pensais pas qu'il prolongerait le baiser, loin de là. Il était sûrement  trop choqué, outré, et c'était fortement compréhensible puisque si ça avait été lui, j'aurais réagi pareil à vrai dire. Je ne sais pas la raison pour laquelle j'avais fait ça, après tout rien ne m'avait obligé à le faire, mis à part ma conscience qui, à cause d'elle, avait peut-être ruiné une amitié. Si c'était le cas je m'en voudrais beaucoup trop. Et pourtant, malgré nos prises de tête, je ne voulais pas gâcher mon amitié avec le beau brun, puisqu'il était tout pour moi. Il allait sûrement me faire la tête pendant longtemps, ce qui était normal en y pensant.
Lorsque nos lèvres se décollèrent, je vis le visage de Louis se décomposer peu à peu, tout comme le mien. Un silence à me glacer les côtes se créa brusquement dans la pièce. Je redoutais le moment où Louis  le briserait pour parler à son tour. Pourtant, nous n'allions pas rester de marbre durant des années - même si je l'aurais voulu au fond de moi -. « Pardon ? » dit-il en m'envoyant valser sur la moquette. Je pus identifier une pointe d'énervement, c'était banal. Enfin, non. J'aurais très bien pu crier de douleur dû au fait que Louis m'ait fait tomber sur la moquette, mais je n'y parvenais pas. Trop d'émotions sûrement. Ma tête allait exploser tellement tout se mélangeait. C'est ce qui s'appelait se prendre un râteau. Je vis Louis partir vers l'entrée, et s'arrêter devant ses chaussures. Je soupirais et me relevai péniblement, après tout je ne voulais pas qu'il parte. Pas comme un voleur, pas de cette façon, sans s'être rien dit. Je ne voulais pas m'approcher de lui, de peur de sa réaction - qui, en soi, ne pouvait pas être pire que la précédente -. « Louis, tu vas où ? Reste, me laisse pas... » dis-je en le regardant. 

                En cet instant, Louis comprenait ce que pouvait signifier l’instinct de survie. Il comprenait les bêtes traquées dont le premier réflexe était de prendre la fuite, au galop. Il pouvait sentir l’adrénaline circuler par vague violente dans ses veines à cause du stress, les sueurs froides apparaitre sur son dos et son front. Étrangement, si son cerveau lui donnait l’impression de bouillir, fonctionnant à cent à l’heure, aucune pensée cohérente ne se formait dans son esprit. Ses gestes étaient maladroits, dictés par l’empressement. Il lui fallut ainsi deux fois plus de temps que la normale pour enfiler et lasser sa paire de chaussures. Un temps suffisant à Harry pour se relever de sa chute et le rejoindre dans l’entrée de leur suite. Louis n’avait même pas eu besoin de l’entendre pour savoir qu’il se tenait non-loin, il l’avait senti. Cette réalité lui donna la chair de poule. Il ne voulait pas y penser. Il ne voulait pas savoir ce que tout ceci signifiait. « Louis, tu vas où ? Reste, me laisse pas... », dit le brun alors qu’il se redressait, ses converses –enfin– attachées. Le susnommé ne daigna pas relever les yeux vers lui, cherchant ses clés sur la commode qui voisinait la porte. Il ne les trouva pas. Elles devaient avoir glissé de sa poche dans la chambre. Il se figea, hésita. Son regard s’accrocha à celui du plus jeune. Il ne voulait pas parler mais, ce fut plus fort que lui. « Tu ne comprends pas. » Il était blessé et cela pouvait se lire dans son regard. « Je… On ne peut pas faire ça… C’est mal… Et Eleanor… Et… », Et Modest aurait-il aimé terminer. Mais, même maintenant, il ne pouvait pas. Il était paniqué. Ses yeux grands ouverts, presque exorbité. Des tremblements le parcouraient. Il se dirigea soudainement vers la porte. Peu importe qu’il n’ait pas de clé. Il irait voir Eleanor ou un autre des garçons s’il avait besoin d’un canapé pour dormir… Ce fut ainsi qu’il s’enfui. Sans un regard en arrière.